Robinsonnade

Robinsonnade histoire d'une installation où la technologie arrive par vague sur la plage, et la recomposition d'un univers au naturel technicisé. Réalisation Collectif DF*

Robinsonnade

C’est l’histoire d’un naufrage et de la reconstruction, acharnée, qui le suit…

Créer dans ce lieu sacré qu’est l’église de St Martin de Gondrin m’a poussé à créer un environnement qui illustre la définition d’installation : « isoler » pour mieux inclure. Si je déplaçais ce fait à la notion de paysage, l’insularité répondait en tant que dispositif plastique et concept.

Je propose une représentation contemporaine d’une île, celle sur laquelle tout le monde voudrait s’évader. Je prends comme point de départ la représentation collective de ce qu’est l’insularité, avec ses images fortes : un territoire isolé, un bananier, de l’eau, des fleurs, de la roche volcanique, du soleil, des alizés.

Une double image de lieu de « rêve », et de « fragilité ».

En effet, ces petits paradis sont les premiers territoires à être immergés avec le dérèglement climatique et la montée des eaux.

Avec son titre Robinsonnade, je m’inclue dans une histoire de l’art et de la littérature d’aventure, où la robinsonnade devient avec l’écrivain Daniel Daffoe (Robinson Crusoé 1719) un genre littéraire à part entière, avec cette idée de résilience, de reconstruction, après un naufrage. Jean-Jacques Rousseau (L’Emile ou de l’éducation 1762) considèrera ce livre comme fondateur pour une critique sociétale et environnementale, traitant de la pureté de l’homme isolé ou de la beauté de la nature « vierge », à part.

Revenant d’une résidence d’artistes aux Etats-Unis, dans la structure scientifique de Biosphère II, Tucson Arizona, le paysage artificiel est très présent dans mon imaginaire. Je joue avec ces possibles, et traduis avec de nouveaux matériaux cette idée d’île.

L’enveloppement dans des couvertures de survie, qui peuvent rappeler le geste de St Martin, est peut-être l’indice de ce qui est à sauver : l’idée de paradis sur terre, ou la Nature tout simplement.

L’île sera résiliente et technologique : sorte de trésor rescapé d’une Nature et d’une Culture à la dérive, préservé, reconstruit, entretenu comme on entretient un rêve, un espoir.

Généralités :

Héritière des mouvements Spatialistes, Land art, Arte Povera, Nouveaux Réalistes, j’accomplis des recherches plastiques, dans une inquiétude de transversalité Art/Science depuis ma période de formation.

Les matériaux et techniques que j’utilise sont directement issus de ces mouvements et permettent un champ ouvert de formes et de technicités, anciennes comme contemporaines.

J’investis sans préférence l’échelle 1 du paysage ou l’espace muséal, servant toujours une inquiétude autour de la notion de Paysage, qu’il soit phénoménologique ou imaginal, que ce soit son espace, sa temporalité ou sa matière qui se manifestent dans une, ou une autre pièce.

Précisions :

Cette pièce est une adaptation du projet créé In Situ à la chapelle St Michel de Condom. Refusé pour son protocole de construction contemporaine, l’Artothèque de Gondrin a accueilli ce projet avec enthousiasme.

Je remercie Christophe Bassetto et les employés communaux, Laurence, de leur aide et soutien.

Le Collectif DF* est un collectif modulable selon les projets. Il était constitué ici de Ambre Darmagnac, Rémi Lecussan pour la régie, Laurent Crespin dit Mongo pour la soudure, Arnaud Darmagnac, Béatrice Darmagnac pour la conception et réalisation.

Merci au Collectif. L’union fait la force.

Je remercie aussi Mme Pillet qui a fait don des couvertures de survie.

Je remercie les responsables de la paroisse d’avoir laissé s’installer une œuvre d’art contemporaine dans ses murs.